ASBL – Histoire

Bouger avec le monde

La tanière

C’est une habitation cossue du 18ème siècle, qui ne manque pas de cachet. Cette maison est millésimée « 1734 » par les ancres en façade. A droite au n° 31, sans doute les anciennes dépendances (écuries), conservant à l’étage deux baies identiques à celles du logis.

C’était la maison du prévôt d’Arlon. A l’époque moderne comme à la fin du moyen âge, le souverain était représenté à Arlon par un prévôt, officier amovible, nommé par le prince. Le prévôt ou le capitaine prévôt, comme on disait, était une espèce de gouverneur civil et militaire, doublé d’un haut justicier ; il pouvait se faire remplacer par un délégué, le lieutenant prévôt, c-à-d l’ancien marquis, mais son autorité était moindre en ville qu’à la campagne.

Explications pour la photo

Le grand incendie, qui dévasta la ville d’Arlon en 1785, a épargné cet immeuble.

En 1821, le prince d’Orange y logea. Des travaux ont eu lieu en 1966 pour qu’elle soit présentable dans le décor du tournage d’un film, « Un soir, un train » avec Yves Montand et Anouck Aimé. Ce qui accéléra la fin des lambris en chêne qui étaient déjà vermoulus. En 1983, elle fut interdite en raison de l’insécurité. Elle est alors rachetée à la Paroisse Saint-Donat par notre ASBl et rénovée. La maison accueille depuis à nouveau les scouts, louveteaux, guides et lutins d’Arlon, qui ont rebaptisé cette maison « La Tanière ».

Le sacrifice de nos Anciens …

L’histoire de la Tanière se mêle avec l’histoire, heureuse mais aussi parfois malheureuse, du mouvement scout à Arlon. Nous vous proposons ci-contre le portrait de certains anciens qui, fidèles à la devise du mouvement, ont choisi de servir jusqu’au bout, jusqu’à y laisser la vie.

Des plaques commémoratives ont été apposées à leur mémoire il y a quelques années, dans le hall de la Tanière. Sachons nous souvenir de leur sacrifice.

Jacques PIRNAY

Jacques Pirnay (Faucon Taciturne) était routier au Clan de la Butte mais était aussi engagé dans la Résistance : il était courrier de l’Armée Secrète. Arrêté, torturé puis emprisonné à la prison d’Arlon, il est finalement fusillé par la Sicherheit Polizei (SIPO) avec 17 camarades, au lieu-dit « les Quatre Vents » à Tontelange, le 01 septembre 1944, soit neuf jours avant la libération d’Arlon par les Américains.

Voici l’hommage vibrant que lui rend le journal « la Voix des Luxembourgeois » dans son édition du 8 octobre 1944 : « pendant deux mois, il a été courrier à l’Armée Secrète. Deux mois, […] soixante jours sur les grand-routes comme sur les chemins de campagne, sur les chemins de terre comme dans les sentiers, sous l’interminable pluie de juin […], son petit bonnel suisse sur la tête […], sa grande cape dans laquelle s’engoufraient le vent et la pluie […]. Jacques allait abattant parfois en une journée ses cent kilomètres […], toujours le premier à se présenter quand la mission était périlleuse. Tel était son métier d’estafette. Et le soir, à la Bleu Maison, quand il se réunissait avec ses camarades, tous Routiers comme lui, devant le feu qui brûlait dans l’âtre, c’était encore lui qui chantait le plus fort […]. Il avait tout abandonné pour servir son pays. Il fût arrêté au début du mois d’août, alors qu’on ne s’y attendait pas. Il a su pleinement mériter son totem scout en restant « taciturne » jusqu’au bout, malgré les menaces et les coups qu’il a dû subir. Et ceux qui l’ont connu à la prison affirment que jusqu’au dernier jour, il a gardé un moral magnifique, sachant demeurer gai dans sa cellule comme il l’avait été dans toutes les circonstances de sa vie ». Son corps est ramené du cimetière de Tontelange à Arlon le 22 septembre 1944, pour des obsèques officielles. Les 15 et 16 septembre 1945, scouts et routiers allèrent en hike au Pont d’Oye pour une cérémonie du souvenir : l’inauguration d’un plaque de schiste gravée d’une inscription rappelant les séjours de Jacques Pirnay à la Bleue Maison. M. Maurice Duterme nous a fait parvenir cette rare photo de la cérémonie des funérailles du 22 sept 1944. On distingue, à droite, le cercueil de Jacques Pirnay, recouvert du drapeau belge, sur lequel est posé son foulard scout. La photo est tirée du livre: « ARLON 1939-45 » de JM Triffaux.

Abbé René FECK

Tous les Arlonais ont encore dans l’oreille les deux détonations qui ébranlèrent la ville au soir du 24 août 1944. Le lendemain, par le bouche à oreille, les gens apprirent les événements de la nuit : deux attentats contre des magasins de rexistes, une quarantaine d’otages arrêtés, deux exécutions en pleine rue .. L’aumônier de la 5ème Saint-Donat, l’abbé René Feck, par ailleurs Vicaire de Saint-Donat, fait partie du groupe de 30 otages qui sera transféré le 30 août à Namur par camion puis déporté en train militaire en Allemagne, au camp de concentration de Neuengamme (photo ci-contre). Il y périra au cours de l’hiver par suite du froid et des privations. Le camp de concentration de Neuengamme, situé à 20 km à l’est du centre de la ville de Hambourg était pendant la deuxième guerre mondiale le camp de concentration central du nord de l’Allemagne. Environ 55 000 des 106 000 détenus y moururent des sevices infligés par les gardiens SS, des conditions meurtrières de vie et de travail, et de l’enfer de l’évacuation.

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